Depuis que j’ai un chien,

je rencontre des personnes dans mon quartier (Saint-Gilles) que je n’avais pas rencontrées auparavant.
Nous parlons de tout, des chiens, de la météo, du quartier, de la guerre, des disparus, du travail, de la santé, et tout ça et tout ça. Nous parlons au coin d’une rue, sur un trottoir, dans un parc, sur un banc…

Et suivant les horaires, je rencontre les mêmes personnes.
Il y a Giovanni qui faisait passer les enfants de l’école JJ Michel sur le passage pour piétons et qui a reçu une brique sur sa tête il y a deux mois, il est décédé, c’est le laveur de vitres que j’ai rencontré qui me l’a appris.

Il y a Fabrice le ramasseur de papiers que je vois presque chaque jour. Il adore mon chien, on aime vraiment se rencontrer.
Il y a une dame que je ne connais pas qui se met chaque jour à la même heure dans le jardin de la maison de repos attenant au petit parc, elle ne parle plus, elle crie, comme un oiseau étrange, un chant nouveau, un appel. A travers le grillage elle regarde le chien qui la regarde. Je la salue.
Il y a la dame aux deux chiens et maintenant plus qu’un chien.

Il y a la pharmacienne, il y a l’ancienne libraire de livres d’occase,

Il y a celle qui écrit et qui a jamais montré à personne,
Il y a … il y a….

Chaque rencontre, une histoire.
En septembre et en octobre, je vais commencer à retranscrire, écrire.
Mélanie Isaac est ma voisine toute proche depuis quelques semaines,

ainsi je la tiens au courant de mes rencontres. Ainsi on se rencontre souvent et on partage un verre et on parle du quartier. 

Le glanage des mots d’autruis, c’est une de mes occupations préférées.
Cela m’anime. Et j’aime restituer ces mots. En musique, avec la musique.
Et peut-être qu’une de ces paroles sera dite par un·e habitant·e?

Laurence Vielle