RENCONTRE | avec le Bureau des personnes dé*réglées
Le Bureau des personnes dé*réglées documente, questionne et poétise les multiples transformations et altérations vécues par les personnes qui ont ou ont eu un utérus, en archivant et en faisant résonner des paroles libres, subjectives et engagées.
Que racontent le flux et reflux du sang menstruel, son apparition, sa disparition, ses dérèglements? Les troubles et les altérations qu’il suscite? Et toutes ces transformations que vivent sans cesse les corps féminins, comment les dire? Avec quels mots traverser ces états? Avec lesquels se souvenir, transmettre, briser les tabous, réinventer un corps à soi?
Poétiser: n’est-ce pas aussi une façon de purger? De déborder? D’exorciser? De faire circuler? De célébrer? De faire trace? N’est-ce pas, enfin, une façon de monter en puissance?
Ménarche, (péri)ménopause, aménorrhée, troubles prémenstruels, libido, endométriose, douleurs, humeurs, horloge biologique, rythmes, grossesse, interruption de grossesse, accouchement, postpartum, et on en passe. Partant du constat que les altérations vécues par et à travers le corps féminin sont variées, fréquentes, nombreuses et pourtant encore peu appréhendées, peu entendues ou peu travaillées dans les sphères de la création, le Bureau des personnes dé*réglées propose des espaces d’expression, de création et d’échanges sur ces sujets.
Aborder ces questions en poètes, c’est faire émerger la singularité de chaque expérience et répondre à la nécessité de les sortir d’une gangue normée, d’un flux de représentations réductrices et d’injonctions délétères.
Les artistes
Annabelle Guetatra
Après plusieurs années d’études et d’expériences entre la photographie, l’installations et la performance, le dessin est devenu mon obsession principale, une impérieuse nécessité. Le dessin sous différentes déclinaisons : papier libre, feuillets assemblés en livre, livre sonore, papier mâché, céramique, gravure, édition, auto-édition, animation… mais aussi le dessin à travers le corps, vécu comme expérience spatio-temporelle. Une recherche quasi obsessionnelle sur cet état de corps-femme.
Les scènes dessinées nous convient comme au spectacle, nous donnent à voir des corps mystérieux mais bien incarnés, lancés dans des sortes d’absurdes mimodrames, chorégraphies absconses ou autres pas de danses énigmatiques. Des scènes d’amour prisent en flagrants délits, où les personnages se parent d’accessoires, de masques, de végétations étranges, de mobiliers ou d’animaux pas réellement identifiables. Cette mascarade inspirée des histoires de l’enfance, des voyages (parfois rêvés), nous raconte la vie, ses désirs, ses angoisses, sa magie et son étrange cruauté.
« Les femmes d’Annabelle Guetatra se jouent du monde. Parées de masques et de plumes elles mènent la danse et leur corps libéré bat la mesure, dans un grand éclat de rire. Cruelles ou bienveillantes, elles s’amusent et jouent des rôles. Ses femmes sont parfois des amantes alanguies, rêvant d’amours tentaculaires et d’unions mythologiques. Menues et juvéniles, elles sont pourtant toutes-puissantes, car si elles s’offrent, elles restent indomptables. Un instant douces et caressantes, elles redeviennent dare-dare des succubes aux mille arrière-pensées, un fantasme inaccessible, une énigme. A travers ses créatures dessinées qui débordent d’ironie, Annabelle Guetatra révèle le ridicule attendrissant du jeu de la séduction, la médiocrité aimable des grands sentiments, la précarité délicieuse de nos amours. Elle expose nos vanités. Et elle nous pardonne. » Justine Jacquemin, 2015
Soline de Laveleye
Soline de Laveleye est née à Bruxelles. Diplômée en littératures romanes et en anthropologie, elle a vécu et travaillé en Europe, en Afrique de l’Est et en Asie.
Ses premiers textes, remarqués, sont publiés dans des revues littéraires. Elle poursuit avec l’écriture de quelques livres, dont La Chambre, au Tétras-Lyre, Les phrases de la mâcheuse, chez Maelström et Brindilles, au Cormier.
En duo avec R. Chacin, elle conçoit une installation sonore, Panta Rhei, présentée à Jérusalem. Et elle réalise une création radiophonique, Monstruations, primée, diffusée dans de nombreux festivals.
Son outil principal est le langage, qu’il soit écrit ou sonore. Son travail de création interroge le corps, ses limites, ses altérations ; il explore les zones liminales et investit les lisières. En parallèle, Soline de Laveleye accompagne des démarches d’écriture, de poétisation ou de narration dans des contextes variés, ateliers littéraires, récits de vie, expression créative, ritualisations.
Déroulé de la rencontre
Projection du court-métrage d’animation Ces jours-là. Lettre à ciels qui les vivent aussi d’Annabelle Guetatra et Soline de Laveleye
Lecture de textes par les participantes des ateliers
Exposition des dessins d’Annabelle Guetatra
Écoute d’extraits de la création radiophonique Monstruations de Soline de Laveleye
Échanges modérés par Catherine Mailleux
Espace d’expression
Bar
Gratuit Réservation conseillée