« Le mot silence est encore un bruit, parler est en soi-même imaginer connaître, et pour ne plus connaître il faudrait ne plus parler. Le sable eût-il laissé mes yeux s’ouvrir, j’ai parlé : les mots, qui ne servent qu’à fuir, quand j’ai cessé de fuir me ramènent à la fuite. Mes yeux se sont ouverts, c’est vrai, mais il aurait fallu ne pas le dire, demeurer figé comme une bête. J’ai voulu parler, et comme si les paroles portaient la pesanteur de mille sommeils, doucement, comme semblant ne pas voir, mes yeux se sont fermés.
C’est par une « intime cessation de toute opération intellectuelle » que l’esprit est mis à nu.
Sinon le discours le maintient dans son petit tassement.
Le discours, s’il le veut, peut souffler la tempête, quelque effort que je fasse, au coin du feu le vent ne peut glacer. La différence. entre expérience intérieure et philosophie réside principalement en ce que, dans l’expérience, l’énoncé n’est rien, sinon un moyen et même, autant qu’un moyen, un obstacle ; ce qui, compte n’est plus l’énoncé du vent, c’est le vent. »
L’expérience intérieure, 1943
Georges Bataille
Ici s’achève la nuit
Triptyque
Ce projet a donné lieu à une exposition fin 2023 en collaboration avec Stéphanie Petitjean à la galerie L’Enfant sauvage à Bruxelles
Antonio Jiménez Saiz
Né en 1959, Antonio Jiménez Saiz obtient en 1975, à Bruxelles, son diplôme de technique mécanique.
Sa vie de photographe commence bien plus tard et ne cessera de gagner en intensité. Comme s’il voulait rattraper toutes ces années d’une autre vie, éloignée du médium, et qui pourtant, tel un rituel de passage, le préparait à devenir l’artiste qu’il est aujourd’hui. Photographe prolifique, presque impulsif, obsessionnel, il multiplie les outils : films périmés, flashs, appareils compacts… Autant d’outils pour capturer ce qui le retient et l’attire ici-bas : la lumière dans la nuit.
Sa poésie est celle des fantômes, des icônes sacrées et autres créatures de l’entre-deux-mondes. Quand il n’ère pas seul sur le chemin de sa vie, il collabore à travers des fanzines avec des artistes, poètes et auteurs locaux et internationaux, ajoutant ainsi de nouvelles strates à son œuvre en perpétuelle expansion.
C’est aussi à travers l’autre qu’il façonne les contours de son art en constante mutation, à son image.
© Sophie Soukias
Livres autoédités : Elite Controllers [2016] – No nos aprenden à morir [2018] – tant de poussière, et moi si sourd [2020] – Parenthesis [2021] – Félix [2022] – La paix, nulle part ailleurs [Trimestriel 2023-2025] – Hôtel Cosmos avec Fabien Ribery [2025]
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